PERFORMANCE & MUSIQUE LIVE
Fey Arts 2019
C’est l’Irlande du Nord, l’Allemagne, l’Egypte, les Etats-Unis, l’Angleterre, la Suisse, la Belgique et la France que les curatrices Salomé Burstein et Gabrielle Veyssiere ont réuni à Feÿ cette année. Entrés en résidence la semaine précédant le festival, les différents artistes ont pu se rencontrer et partir à l’exploration des espaces du château. Pour certains, le choix a été immédiat : c’est dès le premier jour, par exemple, que Mika Oki et Maoupa Mazzocchetti ont établi leur studio de répétition autour du puits, pour y faire résonner des improvisations de trompette tout au long de la semaine. Glissant des micros et amplificateurs sonores à plus de 40 mètres de profondeur, leurs expérimentations ont ensuite éveillé la curiosité des festivaliers venus tour à tour se pencher au bord du précipice, lors de la soirée d’ouverture du festival. Avant eux déjà, les chorégraphies kaléidoscopiques du collectif Nasa4Nasa, jouant avec les arbres de la forêt pour créer de sensuelles illusions d’optique, avaient entamé les festivités. Au moyen d’argile (récupérée à Saint-Armand en Puisaye), l’artiste londonien William Cobbing a également donné, ce jour-là, la première de ses trois performances programmées durant le week-end. Le vendredi soir a enfin été bercé par les vers d’Octavio Paz, chantés en italien par Radio Hito, et les mélodies élaborées par Nicki Fehr et Niklas Niki Blomberg à partir d’un morceau de bois trouvé dans la forêt et d’abricots amassés dans le potager. Troquant ces fruits et leurs synthétiseurs pour la simplicité d’une guitare acoustique, le duo a mis en musique, le lendemain midi, la performance culinaire du chef Mathieu Moity. La synth-pop entêtante d’Arne Vinzon lui a emboîté le pas pour faire danser le public sous un cagnard de trente degrés, face à une vue improbable sur la vallée de l’Yonne. Le repos a ensuite été dégusté sous les arbres et la douceur cosmique de Sphere of Existence, album à partir duquel Antoine Kogut a réinventé un concert transportant d’une cinquantaine de minutes. C’est juché sur une chaise d’arbitre qu’il a repris son saxophone quelques heures plus tard, pour accompagner les canzone popolare du duo d’italo-pop Itaca, lors d’un live enflammé sur le terrain de tennis. Ce dernier succédait au bûcher allumé par Clara Claus, invitant le spectateur à déposer ses souhaits et pensées dans les braises d’un feu constitué par des chutes de bois peintes dès l’ouverture du festival. Créant un parcours depuis le fin fond de la forêt, cette performance intitulée Exaucer la fumée a cimenté un des temps forts de Feÿ, après un solo bouleversant de la chorégraphe de Belfast Oona Doherty sur la “Place de l’étoile”. C’est dans la tente qu’Oona en a donné une version participative le dimanche, proposant aux festivaliers de prendre place sur le plateau pour laisser libre cours à l’expression de leurs corps... jusqu’à ce qu’un duo s’improvise avec Elie, maraîcher ayant transporté ses « Paniers de saison » depuis le marché de Toucy jusqu’au Château du Feÿ pour proposer de luxuriants légumes aux festivaliers. Le dimanche a aussi fait s’animer les œuvres du collectif d’artistes MORPH grâce aux mouvements du prodige Vinson Fraley, danseur de 24 ans originaire de Baltimore et voyageant jusqu’à Villecien pour présenter sa première création. Deux moments sont enfin venus adoucir l’ultime et pluvieuse journée du festival : l’Hypnagogie dominicale rêvée par Buvette à l’occasion du festival et le concert théâtral des mystérieux Walls and Birds, réinvestissant tous deux l’œuvre Conversation Pit réalisée par le duo d’artistes Jacent Varoym l’année passée.
This year, Feÿ’s live music and performance curators, Salomé Burstein and Gabrielle Veyssiere, gathered talents from Northern Ireland, Germany, Egypt, the USA, England, Switzerland, Belgium, and France. Travelling from far away to the village of Villecien (population 400), the artists entered the château for a week-long residency before the festival itself in order to adapt to the space and explore all the possibilities it had to offer. Fo some, it was love at first sight: on the very first day, Mika Oki and Maoupa Mazzocchetti fell head over heels for the château’s well and set up their studio around it. Sliding microphones and sound amplifiers more than 40 meters down the well, their sonic experiments sparked the curiosity of festival-goers on opening night, who came to peer into the mouth of the well to investigate. Earlier that evening, the kaleidoscopic choreographies of the Nasa4Nasa Collective, who played with the trees of the forest to create sensual optical illusions, had kicked off this three-day artistic marathon. Using local clay (Saint-Armand en Puisaye), London-based artist William Cobbing also gave the first of his three burlesque performances scheduled throughout the weekend. The evening was then enveloped by the rhythm of Octavio Paz's verses, sung in Italian by Radio Hito, as well as melodies developed by Nicki Fehr and Niklas Niki Blomberg using a piece of wood and apricots collected in the vegetable garden. Exchanging these fruits and their synthesizers for a simple acoustic guitar, the duo gave a special concert the next day, on the occasion of chef Mathieu Moity’s culinary performance “Eating the Landscape.” Arne Vinzon's heady synth-pop followed on Saturday afternoon, with the crowd dancing while taking in an astounding view of the Yonne Valley (despite the 30° heat). Dancers then took a rest under the trees amidst the cosmic sweetness of Sphere of Existence, an album for which Antoine Kogut reinvented a 50-minute concert. A few hours later, he played the saxophone during the fiery concert given on the tennis court by the maverick Italo-pop duo Itaca. Before dancing to their canzone popolare, festival-goers were invited to share a moment of contemplation around a pyre built and lit by artist Clara Claus. Illuminating a path from the depths of the forest, this performance cemented one of Feÿ’s memorable moments: the breathtaking solo given by Belfast-born choregrapher Oona Doherty. After dancing in a clearing nicknamed the "Place de l'étoile", Oona gave a second version of her piece in the château’s tent on the Sunday. Creating this time a participatory performance, she asked visitors to let their bodies freely express themselves. This instruction was rigorously followed by Elie, market gardener who had brought his luscious « Paniers de Saison » from Toucy to Feÿ, who ended up improvising a duo with Oona. On Sunday also, prodigious 24-year-old Baltimore dancer Vinson Fraley presented his first creation amongst the functional art pieces of Dutch artist’s collective MORPH. The Sunday Hypnagogy composed by musician Buvette during his stay at the château then came to soften this final, rainy afternoon. It was followed by Feÿ’s ultimate performance: the theatrical, dada-esque and dreamy concert given by the mysterious group Walls and Birds in the « Conversation Pit » - an site-specific artwork created by artist-duo Jacent Varoÿm for the festival’s first edition.
Nasa4Nasa ©Katia_Benhaim
Radio Hito ©Katia_Benhaim
Nicki Fehr × Niklas Niki Blomberg ©Sarkis_Torossian
William Cobbing ©Sarkis_Torossian
Maoupa Mazzocchetti × Mika Oki ©Katia_Benhaim
Arne Vinzon ©Sarkis_Torossian
Vinson Fraley ©Sarkis_Torossian
Antoine Kogut ©Sarkis_Torossian
Oona Doherty ©Katia_Benhaim
Clara Claus ©Katia_Benhaim
Itaca ©Katia_Benhaim
Buvette ©Sarkis_Torossian
Walls & Birds ©Lou de Kerhuelvez
Texte par Salomé Burstein